AUDREY DELATER

Diététicienne du sport &
Fondatrice de l’organisme de formation PerfoDiet

Je suis coach sportif. Ai-je le droit de donner des conseils alimentaires et ce, en toute légalité ?

par | 18/10/2021

Qui parmi vous, détenteur d’un titre issu de la filière sport (BPJEPS, DEJEPS,STAPS…) n’a pas déjà été informé de l’interdiction de prodiguer des conseils alimentaires auprès de votre clientèle ?

Effectivement, si l’on se réfère aux articles L. 4371-1 à L. 4371-3 du code de la santé publique, seuls les diététiciens diplômés ont le droit de donner des conseils alimentaires. Si tel n’est pas le cas, vous encourez un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, sous peine d’avoir exercé illégalement la profession de diététicien.

 

COACH SPORTIF et formation, QU’EN EST-IL VRAIMENT ?

 

Dans les faits, il est aisé d’observer que de nombreux coachs sportifs établissent des programmes alimentaires sans nécessairement avoir bénéficié d’une formation suffisante en nutrition.

Toutefois, je comprends cette logique d’inclure cette compétence au sein du métier. Comme expliqué dans l’un des articles du dernier Numéro Coachs Challenges, « la nutrition chez le sportif » ne fait pas, ou très peu, partie de l’enseignement dans les formations de la filière sport.

Beaucoup de métiers tels que naturopathe, conseiller en nutrition, coach en nutrition, nutritionniste sont touchés par cette problématique. Cependant, les cabinets privés explosent.

À la différence des professionnels de la branche sport, les personnes ayant le statut des métiers cités précédemment, ont « normalement » bénéficié d’une formation plus ou moins approfondie en nutrition avec un module dédié au respect du cadre déontologique. Cette dernière les protège de l’article L-4371 du code de la santé publique.

Il reste les distributeurs indépendants de compléments alimentaires et produits diététiques qui allient vente et conseils en nutrition afin de compléter leurs revenus. Là aussi, les formations en nutrition de ces entreprises, ne sont pas systématiquement proposées aux nouveaux venus.

Si l’on se réfère à l’article L4371, ces mêmes personnes ne devraient pas non plus prodiguer des conseils nutritionnels, or, il n’en est rien.

En tant que diététicienne et dirigeante de l’organisme de formation en nutrition PERFODIET, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde. De plus, la concurrence est une excellente occasion de se remettre en question et rester attentif à la qualité de ses services.

Toutefois, le risque inhérent auquel les non-détenteurs du BTS diététique s’exposent concerne la santé du client. En tant que diététicienne, je constate souvent, que le client ne dit pas tout, quant à son passé médical, ses pathologies et ses éventuels traitements médicamenteux.

Ainsi, si l’on analyse la situation entre les textes de loi et ce qui se passe réellement sur le terrain, la mesure la plus sûre pour ne pas être en porte-à-faux serait de respecter certaines règles de bon sens :

 

    1. Se former à la nutrition du sportif auprès d’un organisme de formation de qualité et « à cheval » sur le cadre légal.

       

    2. Apprendre à déléguer vers un diététicien et/ou médecin en cas de nécessité et d’incapacité professionnelle. « On s’adresse à une personne et non pas à un porte-monnaie ».

       

    3. Avoir un discours généraliste tourné vers la Prévention Santé, simple à appliquer et surtout reproductible sur le long terme – là est la difficulté : savoir transmettre une méthode facile à comprendre par le plus grand nombre de personnes et simple à appliquer au quotidien. Le but étant de transmettre une information juste et non erronée pour le bien de tous.

       

    4. Demander un certificat médical afin d’être sûr de ne pas se trouver face à une personne présentant une pathologie grave et nécessitant une alimentation particulière, que seul un diététicien ou médecin nutritionniste est à même de faire.

       

    5. Être dans une démarche d’éducation par l’intermédiaire de la mise en place d’ateliers pratiques en groupes ou bien de tables rondes et non de « consultations pures ».

       

    6. Sensibiliser les clients et les prévenir des conduites déviantes et/ou dopantes très présentes dans le milieu sportif. 
    7. Éviter de jouer à l’apprenti sorcier en proposant des programmes alimentaires avec calories et grammage des aliments – Cette pratique étant réservée aux diététiciens.

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